La start-up, lauréate du SmartPort Challenge, calcule l'itinéraire le plus vert et économique
Les routes maritimes auront bientôt leur poids en CO2. Cette donnée, désormais toute aussi pertinente que le prix du transport, sera disponible dans quelques mois et risque fort d’influencer les choix des industriels et négociants. Née à Hambourg, la start-up Searoutes a jeté l’ancre à Marseille et se développe au sein de l’incubateur ZeBox de CMA CGM. En prime, sa vision de l’écocalculateur lui a valu d’être lauréate du défi lancé par le port de Marseille-Fos dans le cadre de la première édition du Smartport Challenge. Pierre Garreau, président fondateur de Searoutes, se réjouit de l’accueil réservé localement. L’agence de développement économique Provence Promotion lui a ouvert les portes de l’écosystème institutionnel, financier et économique.
Les navires émettent 7% des émissions de dioxyde de carbone rejetées dans le monde. En 2050, cette part passera à 17%, devançant le transport aérien. Un sujet pris à bras le corps par Pierre Garreau, ingénieur Centralien. A 35 ans, ce sérial entrepreneur a déjà vécu plusieurs vies en Floride et Los Angeles, avant de regagner l’Europe via Hambourg où il a commencé à développer Searoutes, sa quatrième start-up. «Nous voulons devenir le Google Map du maritime en traitant les données émises via les antennes AIS, le système d’identification automatique des navires. Nous agrégeons les informations de chaque bateau et ses spécificités (vitesse, cap…), les données météo (marée, vent, hauteur des vagues, direction…). Cela nous permet de tracer la route réelle. Nous calculons ensuite la performance et les émissions en CO2 par trajet», détaille Pierre Garreau. L’ambition de Searoutes consiste à proposer les routes les plus vertes possible. «Cet outil va permettre de réduire les émissions de CO2 de 15% voire plus», ajoute-t-il. Au terme d’une année de pourparlers avec CMA CGM, Searoutes, qui compte déjà une trentaine de clients (Royal Carribbean, Bernhard Schulte, Dream Line, Engie…), a pris la décision de s’installer à Marseille pour se rapprocher de l’armateur. «Quand je suis arrivé, Provence Promotion a été mon tout premier contact. L’équipe m’a aiguillé pour obtenir les financements de mon projet de recherche. Et à présent, ils me suivent», raconte le dirigeant.
«Tout est allé très vite. CMA CGM nous a ouvert les portes de son tout nouvel incubateur ZeBox. En parallèle, en collaboration avec Aix Marseille Université, j’ai monté un projet de recherche sur le traitement des données brutes de l’AIS. Cofinancé par la Région Sud, il nous permettra d’embaucher un thésard en intelligence artificielle», explique Pierre Garreau. Searoutes compte déjà cinq employés. La PME prévoit de recruter trois personnes en 2019. Lauréate du Smartport Challenge, la start-up a retenu l’attention du port de Marseille-Fos. Les deux structures vont co-développer au cours des six prochains mois un écocalculateur permettant de comparer les émissions de CO2 sur des routes données. «Nous voulons valoriser le passage par Marseille en démontrant aux grands comptes la réduction en CO2 réalisée», développe Pierre Garreau.
Par exemple, nous comparerons un Shanghai-Lyon via Marseille et un Shanghai-Lyon via le port de Rotterdam. Il s’agit aussi d’aider les chargeurs à réaliser leur reporting de CO2. Nous commençons à travailler sur les lignes maritimes qui transitent par Marseille avec comme ambition de développer le multimodal », annonce Pierre Garreau. Ce logiciel prototype en cours de développement sera présenté en juin prochain lors du Smartport Day.