Une AFNOR SPEC pour réinventer les modèles économiques en harmonie avec le vivant
Après plus de six mois de travail collaboratif, réunissant près de 20 acteurs issus de divers secteurs et expertises, dont Provence Promotion, la première AFNOR SPEC dédiée à l’économie régénérative a été officiellement présentée ce mercredi 6 novembre 2024 à l’Hôtel de l’Industrie à Paris. Ce guide normatif, co-piloté par l’Association française de normalisation (AFNOR) et l’Entreprise Symbiotique, vise à accélérer la transition de notre économie actuelle vers des modèles revitalisant la santé des écosystèmes, tant écologiques que sociaux. Il propose une définition de l’économie régénérative, des principes et des méthodes d’application, et s’adresse à toute organisation souhaitant s’engager dans cette démarche.
L’homme peut-il mettre son génie et sa technicité pour assurer un renouvellement continu, tant en quantité qu'en qualité, des matériaux, de l'énergie, des ressources naturelles, des compétences et des savoir-faire ? Tous les acteurs de l'économie régénérative en sont convaincus : assurément, oui !
Face aux récentes alertes scientifiques, soulignant le risque d’atteindre une septième limite planétaire en raison de l'acidification des océans, l'économie régénérative peut s'imposer comme un levier majeur pour permettre à tous les écosystèmes de prospérer à nouveau.
Isabelle Delannoy, Présidente de l’Entreprise Symbiotique, a souligné l’importance de cette AFNOR SPEC lors de la conférence de presse : « Ce document normatif vise à structurer les acteurs de l’économie régénérative autour d’un vocabulaire et de repères communs, permettant une meilleure compréhension collective. »
En France, en l’espace de 5 ans, 1800 sociétés à mission ont intégré des objectifs sociaux et environnementaux au cœur même du pilotage de leurs activités. Ce guide a pour ambition d’amplifier ce mouvement qui s’étend en France, mais aussi en Europe et dans le monde.
Matthieu Vis, Directeur de l’implantation et de l’offre territoriale chez Provence Promotion, qui a participé à la CEC Provence-Corse en 2023, a eu l’opportunité de participer à l’élaboration de ce document. Il a expliqué lors de la conférence de presse les raisons du soutien de Provence Promotion à cette initiative : « Notre agence se structure pour être à même de mieux accompagner les dirigeants sur ces enjeux de durabilité et de résilience sur notre territoire. Les agences de développement économique, qui représentent environ 20% des nouveaux emplois créés chaque année en France, attirent des activités nouvelles, et accueille des entreprises qui, partant de zéro, peuvent contribuer à régénérer nos territoires et nos écosystèmes. », a-t-il déclaré.
Disponible gratuitement grâce au soutien de Regen Ecosystem, ce document vise à être largement diffusé pour évoluer et, à terme, aboutir à une certification nationale, puis une norme ISO internationale.
Il est structuré en quatre sections :
C’est un outil agile qui peut se révéler influent, à l’instar des précédentes AFNOR Spec, comme celle sur l’économie circulaire.
À l’occasion de la conférence de presse, plusieurs membres du groupe de travail ont partagé des exemples concrets de projets menés dans leurs organisations ou secteurs d’activité (énergie, agriculture, textile, tourisme, etc.).
Catherine Dauriac, Présidente de Fashion Revolution France et Elise Bourmeau, membre de l’association Pour une agriculture du vivant ont évoqué la spectaculaire renaissance de la filière du lin, avec la réouverture de filatures en France soulignant que le lin, une fibre naturelle à faible besoin en eau et en intrants, offre de nombreux débouchés économiques (textile, matériaux, papeterie, etc.).
Haute-Savoie HABITAT, qui s’est dotée d’une stratégie à visée régénérative, a témoigné d’un projet de « ménagement urbain » repensé en coopération avec l’ensemble des parties prenantes (collectivité, exploitant agricole, travailleurs sur site…) sur la base d’enjeux à la fois économiques, écologiques et sociaux. « L’économie régénérative apporte une vision radicalement différente. Elle peut changer les choses en faveur du bien commun, en nous invitant à requestionner les besoins et à rediriger les priorités. La carte des enjeux s’en trouve modifiée notamment dans des domaines comme l’alimentation saine, la gestion de l’eau, la dépollution, la réduction de l’artificialisation des sols ou la part de pleine terre sur un territoire donné. Les élus sont attentifs à cette façon d’occuper les espaces et de créer des villes vivantes », a affirmé Ludovic Morawa, en charge de l’engagement responsable pour cet organisme de logement social.
Dans le domaine de l'hydrogène, Stéphane Paul, fondateur et dirigeant d'H2X Ecosystems, s'est engagé dans cette démarche normative pour contribuer à l'industrialisation d'un modèle bénéfique à la fois pour l'humain et pour l'environnement. « Notre activité est par nature régénérative. Nous développons des écosystèmes d'hydrogène en partant des besoins des entreprises et des ressources locales (biomasse, déchets organiques et plastiques). Nous proposons des démonstrateurs qui alimentent localement les réseaux et permettent aux industriels de maîtriser leurs coûts énergétiques. Certains sites pourront même être totalement autonomes grâce à leurs propres déchets. »
À travers ces exemples, Isabelle Delannoy, Présidente de l’Entreprise Symbiotique, a conclu la conférence de presse en déclarant : « La spécificité de l’économie régénérative n’est pas de contraindre les modèles économiques aux limites planétaires, mais de coupler la création de valeur aux possibilités de son milieu écologique, économique et social. »