Pour répondre aux défis agricoles du XXIe siècle
Jeune pousse de l’agri tech fondée en 2019 dans le Gard, près de Nîmes, Futura Gaïa a développé une technologie de cultures hors sol essentiellement tournée vers les salades et plantes aromatiques. Fort de résultats probants qui font même saliver les chefs étoilés, l’entreprise construit un démonstrateur de 1900m2 à Tarascon permettant de produire un million de salades par an. Après avoir levé 2,5M€, Futura Gaïa lance un nouveau tour de table de plusieurs dizaines de millions d’euros cette fois pour des fermes à l’échelle industrielle. À la clé, une centaine de salariés d’ici cinq ans et des négociations avancées auprès des agriculteurs et marchés d’intérêts nationaux français.
Des salades poussent dans de drôles de cylindres aux airs de tambours de machines à laver éclairées artificiellement. Pascal Thomas, fondateur de Futura Gaïa, explique cette scène de science-fiction qui pourrait résoudre en partie les défis dus au changement climatique, la sécheresse notamment.
"Ce sont des « Gravity Injection Grow » fabriqués au Canada, dont la rotation, stimule les plantes. Depuis 2019, nous développons une ferme 4.0. Nous intégrons une solution technologique, de la robotique, des algorithmes et développons également la partie agronomique utilisant le «nutrimix», qui calcule « le bon dosage de micronutriments »", explique cet ingénieur en logiciel, descendant d’une lignée d’ingénieurs agronomes.
L’aventure a débuté en croquant une fraise savoureuse au Canada, cultivée artificiellement dans un cube de 40 cm de côté par sa fille, ingénieure également. Depuis tout est allé très vite et ce malgré la pandémie. Le corps de ferme familial Rodilhan, métamorphosé en laboratoire de R&D, affiche des résultats probants et Futura Gaïa est passée tout de suite à l’étape du démonstrateur. Un bâtiment logistique de 1900 m2 sur la zone industrielle du Roubian, près de Tarascon, se transforme depuis septembre 2020 en ferme verticale du futur. L’entreprise conçoit des cellules de 160m2 et 7m de haut pouvant loger 36 systèmes de culture. Les univers climatiques recréés sont capables de faire pousser 15500 salades tous les 27 jours. Les systèmes s’empilent sur trois étages avec 13 récoltes par an annoncées, sans risque d’aléas climatique ! "En février 2020, nous avons mis en route douze systèmes sur quarante-huit pour la phase une et nous tablons sur 198 systèmes d’ici la fin 2021", précise Pascal Thomas. L’investissement global de plus 3 M€ a été soutenu pour moitié par une levée de fonds réalisée en mars dernier.
Un nouveau tour de table en cours porte cette fois sur plusieurs dizaines de millions d’euros, pour changer d’échelle et construire plusieurs fermes de 432 systèmes capables de produire deux millions de têtes de salades par an, soit l’équivalent de 1 à 2% de la consommation annuelle de la ville de Marseille.
Ce nouveau projet, à peine sorti de terre, suscite l’attrait des agriculteurs qui, après l’innovation des serres, pourrait y voir de nouvelles opportunités de croissance. Des discussions sont en cours également avec les MIN de Cavaillon, les Arnavaux, Châteaurenard, Toulouse et Rungis. Avec de telles installations, plus besoin de faire parcourir 1200 km à une salade. Elle pourrait être produite directement au MIN !
"Provence Promotion m’a présenté les dispositifs d’aide sur le territoire et m’a mis en relation avec des acteurs clés de la filière agroalimentaire (MIN de Châteaurenard, le Cluster Grand Marché de Provence, le Technopole de l'environnement Arbois-Méditerranée) et des collectivités (ACCM, la CCI du Pays d'Arles)", complète Pascal Thomas.
Futura Gaïa emploie 21 salariés, notamment des ingénieurs agronomes, des développeurs de logiciels, des spécialistes de la robotique et du commerce. "Si nous réussissons notre levée de fonds nous doublerons les effectifs d’ici la fin de l’année. Nous comptons sous cinq ans créer une centaine d’emplois", annonce Pascal Thomas. Concentrée sur la production de salades et herbes aromatiques, l’entreprise se positionne auprès de la grande distribution, des communes de plus de 100 000 habitants. Elle entrevoit également des débouchés cosmétiques et pharmaceutiques.