Les réseaux et les data-centers tournent à plein régime
L’économie française, mise à mal par les mesures de confinement de la population, continue de fonctionner grâce aux transports, à l’agriculture et aux réseaux de télécommunication. Les data centers où sont hébergés les serveurs de données sont extrêmement sollicités révélant ici pleinement leur rôle stratégique. A l’heure du télétravail, des conférences téléphoniques, des cours et des divertissements en ligne, Marseille conforte durant cette crise sa vocation de hub numérique. Dans le top 10 mondial des villes les plus connectées, Marseille poursuit sa dynamique grâce aux investissements massifs de deux opérateurs de data centers d’envergure internationale. Interxion et Jaguar Network, filiale B2B d’Iliad, ont accepté d’expliquer la réorganisation de leurs équipes durant cette crise sanitaire, leur mobilisation sans faille et leur vision d’avenir…
Quand tout se fige, que la Cité phocéenne semble vidée de ses habitants depuis le 17 mars, les réseaux de télécommunication et les datas centers de Marseille tournent à plein régime démontrant leur importance vitale dans l’économie de l’Hexagone.
Marseille occupe une position stratégique dans l’industrie numérique. La ville concentre les dorsales réseaux "backbones" qui agrègent à la fois les points de terminaisons et d’interconnections. Jaguar Network et Interxion ont investi plusieurs centaines de millions d’euros dans des data centers performants aujourd’hui à l’épreuve des conséquences du Covid-19. Certifiées hébergeurs des données de santé, ces infrastructures assurent la continuité des services publics et de santé (communication, objets connectés, télémédecine..). Services de l’État, réseaux académiques, Agence France Santé, Établissement français du sang, hôpitaux, laboratoires... leurs données transitent par Marseille.
Face à l’augmentation des usages numériques et à cette sollicitation accrue des infrastructures, les grands acteurs télécom du numérique se réorganisent pour garantir aux clients la continuité opérationnelle.
Dès l’apparition du virus en Chine, Jaguar Network a augmenté ses capacités de calculs et stockage sur la plate-forme cloud métier "Atlas Healthcare". Chaque jour, elle attire de nombreux professionnels de santé, éditeurs de logiciels désireux d’offrir à leur clientèle une plate-forme en ligne. "Du jour au lendemain, la consommation des serveurs et des réseaux de télécommunication a été multipliée par deux. Nos serveurs subissent une charge additionnelle", souligne Kevin Polizzi, Directeur Général de la division B2B d’Illiad et fondateur de Jaguar Network. Son programme d’investissement de 100 M€ dans la création d’un campus numérique sécurisé face aux menaces cyber de 30 000 m2 dans les quartiers nord de Marseille en 2023 sera décalé de quelques mois en raison de l’épidémie. Mais au lendemain de cette crise sanitaire et économique, ce projet, orienté vers l’emploi local, revêt tout son sens.
Les serveurs cloud hébergés par Interxion à Marseille sont extrêmement sollicités. "Nos datas centers assurent la distribution de nombreux contenus notamment en streaming (Netflix, Disney, Canal Plus, Daily Motion…). Cette crise met en valeur le rôle stratégique des datas center tels que ceux de Marseille Les réseaux privés des opérateurs cloud (Amazon, Google, Microsoft..) connaissent des pics d’activité. Azure, la plate-forme cloud de Microsoft, a vu son trafic multiplié par neuf en seulement trois semaines. Au même moment, Teams, l’application de vidéo conférence de Microsoft, est passée de 50 millions à 80 millions de personnes connectées", explique Fabrice Coquio, président d’Interxion France (Digital Realty).
Cette crise sanitaire mondiale devrait modifier sensiblement nos habitudes. "Il y aura un avant et un après Covid. Les entreprises françaises et étrangères sont en train de découvrir les failles de leurs plans de continuité de l’activité. Un certain nombre de DSI vont tirer les leçons de cette situation pour l’avenir", explique Fabrice Coquio.
L’inauguration du data center MRS3 d’Interxion initialement prévue le 7 juillet a été repoussée à une date ultérieure. Le chantier a été arrêté en raison de l’épidémie et devrait redémarrer fin avril. Quant au MRS4, le permis de construire sera déposé fin juin en mairie pour une livraison du bâtiment à la fin du premier trimestre 2022.
Marseille où convergent actuellement 14 câbles sous-marins pour 154 Tbits, va voir sa capacité bondir à 900 Tbits fin 2021 avec l’atterrage de six nouveaux câbles hissant la ville au 5e rang mondial.