La fusion-acquisition avec le repreneur espagnol Tus Media se révèle être une très bonne opération de croissance
Amis d’enfance, Robin Guerrier et Joseph Randriamampianina se retrouvent à la fin de leurs études pour se lancer dans l’entrepreneuriat. En 2014, ils fondent Proxiprof, site internet gratuit de cours particuliers. A seulement 26 ans, ils cèdent à l’été 2017 leur entreprise au groupe espagnol TUS Media et se retrouvent aux commandes de la filiale française. Les deux fondateurs, épaulés par Provence Promotion pour la transaction, expliquent pour quelles raisons ils ont préféré la vente à la levée de fonds et révèlent leurs projets de développement. Interview.
Etudiants, nous voulions arrondir nos fins de mois en donnant des cours particuliers. Mais nous rencontrions des difficultés à trouver des élèves. A vrai dire, il n’y avait pas d’offre hormis celle d’Acadomia et les petites annonces de la boulangerie. En 2014, nous avons lancé la plate-forme géolocalisée Proxiprof dans le souci de réduire les inégalités d’accès aux cours particuliers. Notre site, après trois ans d’existence, fonctionnait bien, avec 17 000 profs inscrits, 30 000 visites par mois et un chiffre d’affaires de 30 000 €. La mise en relation élèves-profs étant gratuite, notre modèle repose sur des annonces payantes pour les référencements en tête de liste comme sur le site du Bon Coin. L’opération de crowdfunding, que nous avions lancée en 2016 pour lever 10 000 € et asseoir notre développement, a contribué à renforcer la notoriété du site.
TUS Media a été fondé en 2004 par Albert Clemente à Granollers près de Barcelone et propose également des cours particuliers via TUS ses filiales, TusClasesParticulares et des cours en ligne via ClassGap. Implanté en Espagne et en Amérique Latine, TUS Media souhaite conquérir le marché européen. Avec 40 millions d’heures de cours par an et 3 milliards d’euros, la France représente le marché le plus dynamique d’Europe.
Albert Clemente s’est montré intéressé par notre vision, nos compétences et nous a proposé de reprendre Proxiprof tout en nous offrant la possibilité de diriger la filiale française. Certes, cela signifiait renoncer à notre projet initial. Mais, d’un autre côté, il s'agissait d'une opportunité extraordinaire de bénéficier de moyens supplémentaires pour devenir leader sur le marché. Seuls, nous allons plus vite mais ensemble nous allons plus loin.
Nous avons longuement négocié avec Albert Clemente. Nous redoutions de commettre des erreurs lors de la transaction car TUS Media avait rédigé le contrat de vente. Nous avons contacté la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence qui nous a orienté vers Provence Promotion. Très réactive, l’agence de développement économique d’Aix-Marseille Provence nous a conseillé un cabinet d’avocats spécialiste de la propriété intellectuelle. L’acquisition a eu lieu en juillet et Proxiprof s'appelle maintenant Voscours.fr. Nous conservons notre indépendance décisionnelle et nous complétons nos salaires avec un intéressement sur l’activité.
Par ailleurs, Albert Clemente, invité à la soirée "Invest in Provence" au début de l’été par Provence Promotion a ainsi découvert notre belle région provençale et le dynamisme de notre écosystème. A présent, Provence Promotion nous propose de nous accompagner dans nos nouveaux développements. Basés à l’IUT d’Aix-en-Provence, nous envisageons en 2018 de déménager et de recruter une dizaine de personnes (Technologies de l’information, marketing, développement…). L’an prochain, nous ouvrirons une filiale en Italie.
En seulement trois mois, notre réseau a explosé en passant de 17 000 à 100 000 professeurs, qu’il s’agisse de soutien scolaire ou de cours pour adultes (photo, yoga, théâtre…). Nous avons comme objectif de doubler d’ici un an le nombre de professeurs inscrits. Nous nous félicitons de cette décision stratégique de nous adosser au groupe espagnol.
Les élèves ont désormais plus de chance de trouver leur prof idéal grâce au système de notation des internautes. Ils bénéficient également de tarifs attractifs, entre 10 et 20 € de l’heure.
A nos yeux, la levée de fonds ne doit pas être considérée comme l’unique moyen d’accélérer le développement d’un start-up. La fusion acquisition s’avère être un bon compromis puisqu’elle permet de garder un pouvoir de décision assez fort tout en ayant plus de moyens.